Pouvez-vous parler succinctement de vous ?
Je suis Jean-Marc Bini, fondateur des Domaines Bini et pionnier de l’écotourisme en Côte d’Ivoire. Après une immigration au Canada, nous sommes revenus en Côte d’Ivoire avec l’idée de développer un tourisme respectueux de nos us et coutumes, sans savoir que nous étions déjà au cœur de l’écotourisme. Au départ, notre projet ne concernait qu’un seul site et visait à accueillir une trentaine de visiteurs. Aujourd’hui, près de neuf ans plus tard, nous gérons entre dix et douze sites, selon l’avancement des travaux, et sommes devenus une véritable fierté de l’écotourisme ivoirien. Notre engagement repose sur la valorisation de la nature, la culture locale et le bien-être des populations, avec une démarche durable et respectueuse de l’environnement.
Quelles sont vos services en 2025 ?
Les Domaines Bini comptent plusieurs sites écotouristiques qui proposent différentes formules adaptées aux attentes des visiteurs :
- Formule Détente (de 09h à 17h) : Cette formule se divise en trois temps. La première partie est consacrée à la contemplation de la nature, avec des visites du site naturel, qui varient selon le lieu choisi. La deuxième partie consiste à déguster des mets locaux typiques, mettant en valeur la gastronomie ivoirienne. La troisième partie invite les participants à profiter pleinement des activités ludiques proposées (accrobranche, tyrolienne, baignades, etc.).
- Formule Team Building : Spécialement destinée aux entreprises souhaitant renforcer la cohésion de leurs équipes, cette formule propose des activités collectives comme des olympiades, des compétitions sportives et des chasses au trésor, favorisant le travail d’équipe et la convivialité.
- Formule Immersion : Pour ceux qui veulent vivre une expérience plus intense, cette formule propose de passer 24 heures sur l’un des sites, pour une découverte approfondie de la culture locale avec des rencontres villageoises, veillées et contes traditionnels. En complément de ces formules principales, les Domaines Bini proposent également un service traiteur pour l’organisation d’événements, ainsi que l’aménagement et l’installation d’activités ludiques sur mesure.

Quelle est votre vision de la relation Afrique – Europe ?
Ma vision repose sur un échange équilibré entre deux formes de richesses :
- La richesse européenne, qui est avant tout financière, animée par la recherche, la découverte et l’investissement.
- La richesse africaine, qui réside dans le savoir-être et le savoir-faire traditionnel, ancrés dans nos us et coutumes et notre héritage ancestral.
Cet échange permet à l’Europe de s’enrichir de notre culture, de nos pratiques et de notre authenticité, et à l’Afrique, en retour, de recevoir des devises, de voir son patrimoine valorisé et reconnu, et de renforcer la fierté de ses peuples dans leurs traditions. Ainsi, les Africains peuvent croire davantage en eux-mêmes, être fiers de leur identité et de leurs coutumes, tandis que les Européens découvrent une richesse humaine et culturelle unique. En somme, la relation Afrique–Europe doit être un partenariat gagnant-gagnant, où chacun apporte le meilleur de ses richesses pour construire une coopération durable, fondée sur le respect et la valorisation mutuelle.
Quel bilan faites-vous de vos activités ?
Le bilan est extrêmement positif. En effet, ce que l’on qualifiait autrefois de pauvreté en Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire, en raison d’un retard de croissance économique, est devenu une véritable source de richesse. Nos us et coutumes, nos modes de vie traditionnels sont naturellement ajustés aux grands enjeux contemporains :
- Ils intègrent des principes d’écologie,
- ils favorisent la protection de la nature,
- et ils respectent une grande partie des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Par ailleurs, nous constatons une dynamisation remarquable du tourisme intérieur grâce à l’option écotouristique. Là où, auparavant, la clientèle expatriée représentait près de 95 % de nos visiteurs, malgré
qu’elle ait augmenté de façon exponentielle, la tendance s’est inversée : aujourd’hui, les Ivoiriens constituent 80 % de notre clientèle. Cela traduit une appropriation locale de l’écotourisme, une évolution qui nous réjouit particulièrement.
Ainsi, en l’espace de neuf ans, nous observons :
- une croissance portée par les nationaux,
- une rétention des devises à l’intérieur du pays,
- et une ouverture vers de nouveaux flux venant de l’extérieur.
C’est une double satisfaction : voir le tourisme intérieur se développer et constater que l’Afrique peut transformer ses prétendus retards en richesses durables et valorisantes.

Les PME et PMI Africaines jouent un rôle croissant dans le développement local. Quelles sont les conditions pour qu’elles deviennent de véritables partenaires économiques des entreprises européennes ?
Pour qu’elles deviennent véritables, il faut que les paramètres s’adaptent. Il faut changer tous les paramètres au niveau des banques et des structures financières, afin de mettre en place des mécanismes actualisés qui comprennent mieux les besoins des PME. Aujourd’hui, nous constatons que les dispositifs d’aide financière ne sont pas adaptés.
Quelles sont les grandes innovations (acquis) ces dernières années ?
Les grandes innovations, pour nous acteurs de l’écotourisme en particulier, ce sont les réseaux sociaux. Ils permettent d’aller plus loin (jusqu’au bout du monde) et offrent à toute entreprise une vitrine planétaire. Lorsqu’un savoir-faire est bien présenté, il peut être validé et apprécié à sa juste valeur par la population mondiale. Nous ne sommes plus obligés d’attendre d’autres mécanismes : chacun sait aujourd’hui où trouver l’information, et une partie de la population vient directement vers nous. L’avènement des réseaux sociaux est donc très positif.
Comment renforcer une dynamique de co- construction économique entre l’Union européenne et l’Afrique dans un contexte post- Covid et face aux défis climatiques et sociaux ?
Il faut mettre en place des mécanismes pour mieux adapter l’écotourisme. Ce secteur a déjà tous les atouts : la culture est là, la nature est là. Le plus important est de les faire connaître à un plus grand nombre de peuples européens, afin qu’ils puissent voyager en Afrique dans des conditions sécurisées. L’écotourisme demande peu d’investissements, mais offre des résultats très grands. C’est un terrain idéal pour la co-construction entre l’Europe et l’Afrique.

Qu’est ce qui fait la particularité de votre structure ?
Nous faisons du tourisme selon nos coutumes, ce qui, en réalité, est de l’écotourisme. Notre particularité est que d’un site à un autre, la végétation est différente, la culture est différente, la gastronomie est différente. Cela permet de découvrir toute la richesse culturelle de la Côte d’Ivoire, qui compte quatre grands groupes culturels distincts, chacun avec sa propre identité. La gastronomie varie également et se rattache souvent à des environnements naturels différents. C’est là notre force : mettre en avant la diversité, tout en restant dans l’authenticité. De plus, nous fonctionnons 365 jours par an, à tout temps et en tout lieu.
Quelles sont vos perspectives de développement pour les années à venir ?
Notre ambition est d’implémenter le concept que nous avons su développer. Au départ, l’écotourisme était pensé de manière macro, réservé aux États. Aujourd’hui, Domaine BINI l’a transformé en un produit concret, modulable et exportable. Nous voulons continuer en Côte d’Ivoire, mais aussi partager ce savoir-faire avec d’autres pays qui présentent un potentiel énorme. L’objectif est de faire émerger le label « Sublime Côte d’Ivoire », de renforcer le label « Domaine BINI » au niveau national, et de l’étendre à toute l’Afrique. Questions 10 : Un message à vos partenaires, aux opérateurs économiques d’Afrique et de l’Europe. Je dirais que l’Afrique possède une richesse encore profondément ancrée dans ses coutumes et ses cultures, tandis que l’Europe dispose davantage de richesses financières. La véritable opportunité est de créer un pont entre ces deux formes de richesse : partager nos traditions, notre diversité culturelle, notre expérience, et recevoir en retour leur savoir-faire et leurs ressources. Cet échange profite à tous. Les Européens voudront découvrir nos richesses et ils ont les moyens de venir à nous. Quant à nous, nous avons déjà nos richesses ancrées dans nos terres, que nous pouvons mettre à leur disposition. Cela renforce le développement durable, enrichit les connaissances et nous apprend qu’au-delà des différences, nous sommes tous des êtres humains. Pour rappel la définition de l’écotourisme selon l’ONU Tourisme est : un tourisme respectueux, éducatif, bénéfique socialement et économiquement, tourné vers la découverte durable de la nature et des cultures. L’écotourisme est défini comme une forme de tourisme durable axé sur la nature, où la principale motivation des touristes est d’observer et d’apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles. Cette forme de tourisme favorise la protection des zones naturelles et la veille au bien-être des populations locales. L’écotourisme inclut des activités éducatives relatives à l’interprétation du patrimoine naturel et culturel, avec une organisation souvent destinée à de petits groupes pour minimiser les impacts négatifs sur l’environnement et les sociétés accueillantes. Il procure des bénéfices économiques aux communautés locales, crée des emplois, sensibilise les visiteurs et les habitants à la nécessité de préserver le capital naturel et culturel, et met l’accent sur un voyage responsable, respectueux tant de la nature que des populations.















